Les pays les plus dangereux dans le monde pour les femmes
TrustLaw, une entité de la fondation Thomson Reuters, a interrogé 213 experts des « études de genre », spécialistes des rôles sociaux et économiques attribués aux hommes et aux femmes, sur six critères: la santé, les violences à caractère sexuel, les violences à caractère non sexuel, les facteurs culturels ou religieux, les ressources économiques et le trafic.
La violence, le délabrement du système de santé et la pauvreté font de l’Afghanistan le pays de la planète le plus dangereux pour les femmes, selon une étude réalisée par TrustLaw.
Le conflit en cours, les frappes aériennes de l’Otan et les pratiques culturelles font de l‘Afghanistan un pays très dangereux pour les femmes. De plus, les femmes qui tentent de prendre la parole ou d’assumer des fonctions publiques, qui défient les stéréotypes tenaces établissant ce qui est acceptable pour les femmes et ce qui ne l’est pas, par exemple en travaillant comme policières ou présentatrices de télévision, sont souvent victimes d’intimidations voire assassinées.
La République démocratique du Congo, le Pakistan, l’Inde et la Somalie suivent dans ce classement mondial établi sur des critères allant des violences domestiques et des discriminations économiques jusqu’aux avortements sélectifs ou aux mutilations génitales.
L’ACCÈS AUX SOINS
Il est nécessaire d’observer tous les dangers auxquels les femmes sont exposées, tous les risques qu’encourent les femmes et les filles. Les pratiques discriminantes ne font peut-être la Une des médias mais peuvent être aussi significatives que les bombes, les balles, les lapidations ou les viols systématiques en zone de guerre.
Si une femme ne peut pas avoir accès au système de soins, parce que ce n’est pas considéré comme une priorité, cela peut déboucher sur une situation très dangereuse aussi.
Illustration en Afghanistan: selon les chiffres compilés par l’Unicef dans son rapport sur la Situation des enfants dans le monde, le taux de mortalité maternelle, c’est-à-dire le risque pour une femme de mourir lors d’une grossesse ou en donnant naissance à un enfant, est de 1 pour 11, soit le plus élevé de la planète (à titre de comparaison, il est en moyenne de 1 sur 210 en Asie et de 1 sur 6.600 en France).
L’Afghanistan se distingue encore par le taux d’analphabétisme des femmes (87%) et par les mariages forcés, qui concerneraient entre 70% et 80% des jeunes filles et des femmes.
VIOLS ET AVORTEMENTS SÉLECTIFS
La République démocratique du Congo (RDC), théâtre d’une guerre et d’une catastrophe humanitaire qui a fait jusqu’à 5,4 millions de morts entre 1998 et 2003, arrive en deuxième position de cette liste noire des pays les plus dangereux pour les femmes du fait principalement des viols qui y sont pratiquées.
Une étude récente de chercheurs américains a estimé que plus de 400.000 femmes y étaient violées chaque année. Les chiffres sur la RDC sont très révélateurs: un conflit en cours, le recours au viol comme une arme, le recrutement de femmes comme soldates qui sont aussi utilisées comme des esclaves sexuelles. Le fait que le gouvernement soit corrompu et que les droits des femmes soient très bas dans l’ordre des priorités signifie qu’elles ont très peu, voire aucune possibilité de recours en justice.
Au Pakistan, ce sont avant tout des pratiques culturelles, tribales et religieuses qui nuisent aux femmes. D’après les chiffres de la Commission nationale des droits de l’homme, un millier de femmes et de filles sont victimes chaque année de « crimes d’honneur ».
L’Inde est pour sa part stigmatisée pour le nombre élevé d’« avortements sélectifs » et d’infanticides. Parce que les fillettes sont considérées comme un poids économique, des familles préfèrent avorter lorsqu’elles découvrent que le fœtus est de sexe féminin.
Le Fonds population des Nations unies chiffre à 50 millions le nombre de « fillettes disparues » en Inde sur les cent dernières années. Des études récentes avancent le chiffre de 12 millions au cours des trente dernières années. Les femmes indiennes sont aussi très exposées au trafic sous ses différentes formes. En 2009, Madhukar Gupta, alors ministre de l’Intérieur, avait avancé un chiffre de 100 millions de personnes, essentiellement des femmes et des filles, victimes de trafic (prostitution, travail forcé, mariage forcé).
Il est vrai que les Asiatiques du Sud, en général, n’accordent pas de valeur à leurs filles, ce qui apparaît nettement dans l’évolution du ratio garçons/filles en Inde. Cela provient pour une large part d’une tradition féodale, où les fils étaient les héritiers aussi bien que ceux à qui incombait la charge des personnes âgées. Mais depuis lors, cela s’est enraciné dans les attitudes, et les femmes sont simplement considérées comme des inférieures.