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Les origines de la fête de Pâques

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À Pâques, tradition oblige, nous passerons un moment dans nos jardins.
Pourquoi? Mais pour que nos têtes chercheuses blondes, toujours très motivées, trouvent sans délais les œufs en chocolat avant que le soleil de Dubai ne s’en charge et fasse fondre ce que cloches ou lapins ont apporté… On cherche, on cherche. On trouve aussi, mais gare à l’indigestion!!
A Pâques, des cloches, des lapins…Mais quel est leur point commun? Refaisons ensemble un petit tour dans le temps…

La Pâques est la  fête la plus populaire et la plus importante dans le monde chrétien .
Elle commémore la résurrection de Jésus-Christ, annoncé par la Bible et qui arrive trois jours après sa Passion sur le mont Golgotha. Célébré le Vendredi Saint à Jérusalem -les Rameaux*-, le Christ traverse le chemin de croix jusqu’au mont de sa crucifixion- la Passion- puis vient sa résurrection, le dimanche.


L’origine du mot PAQUES

L’étymologie du mot Pâques vient de l’hébreu  PESSAH qui signifie Passage.
Dans la Pâque Juive, le peuple Hébreu passât les frontières de l’Égypte pour se libérer du joug de l’oppresseur en suivant leur guide, Moise.
On écrit que Jésus-Christ aurait ressuscité au moment de la Pessah.
Depuis le concile de Nicée* en 325 après J-C, l’Église a fixé Pâques au premier dimanche après le 21 mars.

Le lapin ou la cloche : deux messagers de Pâques!

Chaque année, c’est au moment de Pâques que les lapins apporteraient des œufs en chocolat.
Sous l’Antiquité, le lapin ou le lièvre était le symbole de la fécondité et de l’abondance. Il reste donc associé au retour du printemps.
Le mythe du lapin remonte à la déesse païenne Eostre qui était fêtée pendant l’équinoxe de printemps ( le 21 mars !). Elle avait pour emblème un lapin doux et sage assis à ses pieds.

Mais pourquoi un lapin?

Une légende germanique serait à l’ origine aussi de la tradition du lapin.
Elle raconte qu’une vieille dame désargentée décora des œufs et les déposa dans son jardin pour faire plaisir à ses petits enfants. Le lendemain,  les petits aperçurent un lapin près des œufs et crurent que c’était lui qui les avait apportés. Les enfants en conclurent qu’il était le responsable de cette abondance de cadeaux! Voici comment le lapin fut associé à cette fête!
Le mythe et la légende ont ensuite traversés l’Atlantique dans les bagages culturels des immigrants allemands au XVIII ème siècle .
C’est ainsi que le prénom Eostre  donna son nom à Easter en anglais et a été traduit de l’anglais au français par Pâques.

Mais pourquoi des œufs?
Et le Monde naquit d’un œuf.

L’utilisation du symbole de l’œuf serait bien antérieure à l’époque chrétienne. Déjà dans la mythologie finnoise, dans le livre « le Kalevala » qui a pour sujet la création du monde, Notre monde serait issu d’un œuf.
Depuis même l’Antiquité, il symbolisait le renouveau. Déjà les égyptiens et ensuite les romains s’en offraient entre eux ou les déposaient aux pieds de leur déesse  au moment de l’équinoxe. Ils les décoraient aussi pour la circonstance.

Dans le judaïsme, le symbolisme de l’œuf est celui du cycle de la vie. On en mange pendant un deuil, par exemple.
Chez les chrétiens enfin, il symbolise la mort et la résurrection du Christ. Comme le poussin sortant de sa coquille….

Le clergé interdisait de manger des œufs pendant le carême mais permettait à ses fidèles de s’en nourrir au moment de Pâques. Devant l’abondance des pontes de leurs poules, les paysans les mangeaient ou décoraient avec de la peinture les œufs périmés. Au VII ème siècle, l’église interdit de sonner les cloches pendant le carême entre le Jeudi Saint  ( arrestation du christ )et le dimanche (la Résurrection ). On raconte aux enfants que celles-ci partaient à Rome pour se faire bénir par le pape. Dans l’imaginaire rurale, elles étaient munies d’une paire d’ailes ou tirées par un char et revenaient chargées de présents, des œufs, en l’occurrence au chocolat…

Voilà comment deux légendes se confondent. Les cloches partaient pour Rome aux moments du Carême et revenaient chargées de présents au chocolat et en forme d’œuf.

Cette tradition d’offrir des œufs se développa en Europe et dans les pays anglo-saxons. Dans les cours royales notamment, comme en Russie,où le Tsar faisait décorer des œufs en or et en pierres précieuses par le joaillier de la cour, Fabergé. Louis XIV les faisait bénir par le clergé pour les distribuer ensuite à ses courtisans et domestiques. Louis XV fit peindre pour sa fille, un œuf décoré par Watteau, un des grands peintres de son siècle…Toute sorte d’exemples démontre un attachement profond pour cette tradition ancestrale.

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Et elle perdure depuis des centaines d’années dans nos foyers, en Europe et dans le reste du monde.

La tradition la plus colorée est celle qui dépose des peintures vives sur les œufs durs ou coquilles vides …Dans les pays de l’Est vous en trouvez de magnifiques, faits de patience et d’habileté.

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Pour résumer: L’œuf est donc la représentation de la naissance ( résurrection). La déesse est la représentation de la vie et  du renouveau ( fêtée le 21 mars, équinoxe du printemps). Le lapin est signe de fécondité et de fidélité ( couleur blanche dans l’iconographie religieuse). Ces valeurs sont ensuite empruntées à l’imaginaire païen, puis reprises par la chrétienté. Voila comment nait une tradition!!

Alors cloche ou lapin, où se retrouvent-ils?

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Dans les pays germaniques et anglo-saxons, le lapin représente pâques et apporte les œufs. En France ce sont les cloches. En Australie, c’est un petit marsupial appelé le Bilby.

Depuis des années, pour sensibiliser les enfants à la protection de cet animal en voie de disparition, le gouvernement a décidé de le prendre comme emblème au moment de Pâques.

Attention, pour certaines régions d’Europe germanique, le modèle change: en Bavière, le lièvre devient coq. Au Tyrol, c’est la poule et en Westphalie, c’est le renard ( Meister Fuchs- maitre renard)

Fêter Pâques au Liban avec mon amie Nadine :

Nadine est une amie très chère qui est née au Liban.
Pâques: De toutes les traditions de son pays celle-ci est la plus forte émotionnellement. C’est celle qui l’a marquée petite fille. Hormis la traditionnelle course aux œufs déposés par le lapin dans les jardins, il y en a une autre qui la pousse vers une pièce de la maison : la cuisine…

Désormais femme et mère, Nadine retrouve les odeurs de son enfance lorsqu’elle entre dans cette période de l’année. Elle me racontait que sa grand-mère et ses tantes se réunissaient pendant plusieurs jours dans le lieu sacro-saint : la cuisine! Elles confectionnaient ensemble des petits gâteaux spécialement préparées  avec amour ( et oui il en faut toujours une pincée pour que cela reste du plaisir!) .

Leur nom raisonne comme un doux appel au partage : Ma’amoul .

« Ce sont des petits gâteaux fait de semoule, de beurre et d’eau au contour de dentelles, enfournés dans des moules traditionnels de bois. Délicatement fourrés de dates, de pistaches ou de noix, arrosés de fleurs d’oranger. Des qu’ils sortaient du four nous les  saupoudrions de sucre glace (…) le plus touchant c’est que où que nous soyons postés dans le monde, ma grand mère réussissait toujours à envoyer aux membres de sa famille, ses petits gâteaux de Pâques  . »

Quelle délicatesse! Avec un zeste d’amour, un brin de tradition, et une seule chose compte, ce lien qui nous unit et qui s’appelle Famille.

Comme elle aime aussi voyager, un petit tour en Grèce à Pâques a marqué sa vie…

Fêter Pâques à Patmos en Grèce

Patmos, est une ile grecque au sud de la mer Égée.
Sur cette ile, Jean, disciple de Jésus, a écrit le livre de l’Apocalypse. Chez les orthodoxes, la semaine avant Pâques s’appelle la Grande Semaine. Elle sera célébrée en mai cette année. Les villageois suivent la congrégation en procession dans les rues étroites avec en guide, le prêtre qui porte à bout de bras une icône sainte.

Au  monastère byzantin Saint-Jean-le-Théologien, l’évêque, ainsi que douze moines, recréent la sainte Cène, le jeudi saint dans l’après midi ou avec la Messe du soir. Il se déplace ensuite de religieux en religieux et ainsi refait le rituel de la scène du lavement des pieds, signe d’humilité et d’amour.
Nadine : « Le village entier est présent et dépose au sol, en même temps, un florilège d’herbes de senteurs aux odeurs de thym et de romarin.
La ville se pare de lumière et chaque maison éclaire ses fenêtres. Dans la nuit du samedi au dimanche, pour briser le jeun du carême, les orthodoxes prennent ensemble le premier repas de Pâques appelé Mayiritsa. Celle-ci est composée d’une soupe faite de fressure d’agneau*. Cet agneau dit Pascal sera dégusté  ensuite  au premier déjeuner familiale de pâques .
Une phrase est reprise ce jour en écho tour à tour : Christos Anesti  « Christ est ressuscité »!

Aussi pendant les moments de détente:

 » Je jouais beaucoup avec mes cousins à un jeu : armés d’œufs durs, nous devions chacun notre tour essayer d’écraser l’œuf de l’autre par le coté rond, tout en essayant d’épargner le notre… La tache était rude mais le dernier œuf survivant avait gagné! « 


Beau témoignage fait d’émotions, d’émerveillements et de souvenirs.

Entourés de la famille ou de ses amis, croyants ou non, avec cloches ou lapins, ici ou ailleurs, je vous souhaite de Joyeuses pâques!

* Mayiritsa: soupe pascale grecque faite d’abats d’agneau ( poumon , foie , rate et cœur avec des épices, du fenouil et des oignons)

*Rameaux: Entrée de Jésus à Jérusalem et acclamation par le peuple avec des palmes. Une semaine avant sa passion et sa résurrection.

*Concile de Nicée :  Ville de Turquie où fut ouvert le troisième concile œcuménique en 325 demandé par l’empereur Constantin pour unifier les chrétiens, éliminer les dissensions et définir les règles.

* A voir, un Blockbuster à l’américaine : » les dix commandements » de Cecil B. deMille, 1956 avec Charlton Heston en Moise, ou avec vos enfants « Le prince d’Égypte » de Walt Disney

* A admirer, le lapin de Pâques inspiré par Albrecht Durer ( 1502 ) à Vienne, musée Albertina utilisé dans l’iconographie pascale.

* A voir aussi « Le Christ au lièvre  » peinture se trouvant à Renne-les-bains ( Aude) les lapins sont tapis dans les cuisses du Christ: symbole de résurrection.

Oriane Kuntermann

La rédaction, c’est une équipe de passionné(e)s par l’écriture et les « histoires » de Dubai. Retrouvez l’ensemble de l’équipe rédactionnelle actuelle sur la page Qui-sommes-nous.

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