Interview de Jean-Christophe PARIS, Consul général de France à Dubai

Jean-Christophe PARIS, Consul général de France à Dubai depuis septembre 2024 nous a reçues au sein du consulat pour une interview. Au cours de cet échange, il est notamment revenu sur son parcours, nous a parlé des actualités du consulat de France à Dubai et ses nombreux projets à venir… et même ses adresses coup de coeur à Dubai. Un entretien aussi inspirant qu’enrichissant !

Jean-Christophe PARIS, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Quel a été votre parcours avant votre nomination en tant que Consul général de France à Dubai ?

Je suis Consul général à Dubai et dans les Emirats du Nord depuis le 1er septembre 2024. J’ai 25 ans d’expérience au ministère des Affaires étrangères pendant lesquels j’ai exercé aussi bien dans le domaine des affaires politiques et de sécurité à Paris et à Bagdad, que dans celui des affaires consulaires à New York, Chicago et Addis Abeba ou encore celui de l’administration générale.

Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir Dubai ? Aviez-vous déjà une expérience ou une connaissance de Dubai avant d’y être affecté ?

On n’arrive pas à Dubai par hasard et c’était même mon premier vœu ! Avant d’être affecté à Dubai, j’avais déjà effectué plusieurs missions professionnelles et visites touristiques aux Émirats arabes unis. Et après 3 ans en Irak, venir à Dubai complétait bien ma connaissance de cette région stratégique.

Jean-Christophe PARIS, pouvez-vous nous parler en bref du rôle et des missions du consulat de France à Dubai ?

Le Consulat a trois missions principales :

• Accompagner au quotidien les Français dans leur expatriation et les Français de passage en traitant leurs démarches administratives et renforcer les liens avec la communauté française et l’écosystème français local (avec notamment les conseillers des Français de l’étranger, les conseillers du commerce extérieur, la chambre de commerce et d’industrie, l’Alliance Française, les neuf écoles françaises sur le territoire, etc.),
• Approfondir les relations avec les autorités politiques locales et avec mes collègues étrangers en particulier ceux du Golfe,
• Promouvoir l’influence française, les entreprises, la langue française et notre cuture. ​

Quel est le lien entre le consulat de France à Dubai et la section consulaire de l’ambassade de France à Abu Dhabi ? Et avec la France ?

L’ambassadeur de France à Abu Dhabi est responsable de l’ensemble des services de l’Etat aux Émirats, de ce consulat général tout comme de la section consulaire de l’ambassade.

Mais nous n’avons pas les mêmes fonctions : ici, nous sommes responsables de l’administration de toute la communauté française aux Émirats (délivrance des passeports et des cartes d’identité, état civil, bourses scolaires, urgences sociales) tandis que la section consulaire de l’ambassade traite les demandes de visas.

Et avec nos différentes actions et initiatives, nous servons aussi de relais pour les activités culturelles et économiques dans les émirats du Nord.​

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise la communauté française à Dubai ? Quelques chiffres clés à nous donner ?

Aujourd’hui, ce sont 30 000 Français qui sont inscrits au consulat mais en réalité la communauté est probablement deux fois plus nombreuse. D’ailleurs, nous accueillons entre 600 et 800 personnes chaque semaine pour diverses démarches administratives.

En janvier 2025, nous avons battu tous les records et délivré 1 000 passeports et cartes d’identité ; et ce sont deux à trois naissances de petits Français et un mariage que nous enregistrons quotidiennement.​
Avec cette communauté française qui ne cesse de grandir, je souhaite que ce consulat soit à la fois humain et proche des gens, tout en étant réactif, moderne et efficace. Et avant toute chose, qu’il facilite la vie des Français.

Jean-Christophe PARIS, y a-t-il des nouveautés ou des changements récents concernant les démarches consulaires au sein du consulat de France à Dubai ?

Nous avons récemment entrepris de réorganiser les services pour améliorer le fonctionnement du consulat : augmentation du nombre de rendez-vous, réduction des temps d’attente, limitation du no-show qui pénalise toute la communauté… Nous commençons d’ailleurs à recevoir des premiers retours très positifs des Français qui utilisent ces services ; tout cela est encourageant pour toute l’équipe qui donne le maximum, je vous l’assure !

Et nous avons aussi récemment réaménagé nos locaux afin qu’ils correspondent davantage à l’image de notre pays et que nos compatriotes s’y sentent bien.

Y a-t-il des projets ou des initiatives spécifiques sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Oui, nous travaillons sur plusieurs projets puisque nous sommes volontaires pour des opérations pilotes du service public.
Parmi ces projets en cours : nous modernisons le paiement en ligne avec le timbre électronique et la réponse au public avec la mise en place du Service France Consulaire, plateforme mondiale d’accueil téléphonique. Puis viendront plus tard le renouvellement du passeport sans comparution et la certification de l’identité numérique.

De plus, nous travaillons sur l’organisation de tournées consulaires à Abu Dhabi pour faciliter la vie de nos compatriotes. Nous communiquerons très bientôt sur ce nouveau service aux Français.

Jean-Christophe PARIS, quelles sont les idées reçues ou fausses informations que vous entendez le plus ici ?

Il peut planer une idée selon laquelle la communauté française est un peu « Dubai-bling », mais cela est en réalité tout à fait inexact.
Nous avons d’ailleurs récemment lancé une initiative sur les réseaux sociaux pour mettre en avant des profils inspirants. Celle-ci renvoie l’image d’une communauté dynamique, travailleuse, ambitieuse et aux parcours très différents.

Quels conseils donneriez-vous aux ressortissants français installés à Dubai ? Et ceux qui souhaitent s’y expatrier ?

A ceux qui sont tentés par une nouvelle vie à Dubai, je leur conseille de bien se renseigner, de prendre contact avec les associations de Français à Dubai, les élus des Français de l’étranger et notre consulat bien sûr pour avoir une vision réaliste de la vie aux Émirats arabes unis, notamment concernant le coût humain et financier que cela représente.

Sur place, j’encourage les Français à profiter des opportunités immenses offertes par cette ville, reconnue pour la qualité de ses services, sa confiance dans l’avenir et son dynamisme économique et ses préoccupations en matière de transition énergétique.

Il est également essentiel de respecter le cadre juridique et les lois locales, car des manquements peuvent avoir des conséquences rapides et très importantes, et nous le voyons malheureusement quasiment tous les jours au consulat.

Vous savez, au cours des quatre dernières années, l’enveloppe dédiée à l’aide sociale a quadruplé. Cette augmentation est bien sûr liée à la croissance de la communauté française, mais aussi à l’arrivée de profils plus vulnérables et à des situations plus nombreuses de compatriotes en grande difficulté.​

Je le répète, il est important de venir bien préparé et de respecter la réglementation locale.​

PETIT PORTRAIT INDISCRET

Si vous n’aviez pas fait ce métier ? J’aurais été archéologue, un métier qui allie histoire, recherche, contact avec le terrain et découverte de l’altérité.

Vos 2 bonnes adresses à Dubai ? Alserkal Avenue, pour ses galeries d’art et son ambiance singulière, et le quartier de Shindagha pour son patrimoine culturel et architectural oriental.

Plutôt matinal ou oiseau de nuit ? Les deux car je n’ai pas le choix avec ma fonction et mon rythme de vie, du running au petit matin jusqu’aux réceptions le soir.
Plutôt café-croissant ou petit-dej « healthy » ? Café croissant pour tenir bon toute la journée.
Plutôt sport extrême ou méditation ? Plutôt des sports d’endurance comme la course, le vélo et la natation.
Plutôt week-end cocooning ou fiesta ? Week-end aventure et découverte notamment du désert, de la montagne et des nombreux sites historiques du pays.
Plutôt cigale ou fourmi ? Fourmi

SUR UNE ÎLE DESERTE, VOUS EMPORTEZ :

Quel film ? Blade Runner de Ridley Scott pour son ambiance dystopique dont nous ne sommes plus si loin et la musique de Vangelis.

Quel livre ? Les Cavaliers de Joseph Kessel, un joyau de la littérature d’aventure qui ne se déroule pas si loin d’ici en Afghanistan.

Quelle musique ? Du jazz, la trompette de Miles Davis, le piano de Herbie Hancock, la contrebasse de Jaco Pastorius et le saxophone de Wayne Shorter.

Quel objet ? Une statue dogon pour la sérénité et la force qu’elle dégage.