Skills for Kids : un centre pour enfants en difficulté à Dubai.
- SCOLARITÉ
- Kyra Dupont
- 2 octobre 2017
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Derrière une enceinte aussi haute que discrète se loge le centre pour enfants atteints de troubles d’apprentissage, Skills for Kids. « Notre principal souci est d’assurer la sécurité de nos élèves, » explique Francine Luethi Haddad, l’une des deux fondatrices de cette école spécialisée qui a ouvert ses portes en septembre 2015. « Nous accueillons des enfants avec différents troubles du développement, des enfants autistes, des enfants atteints du syndrome de Down, des épileptiques et tout est minutieusement étudié pour le bien-être de nos élèves. »
Une merveilleuse mission
Une merveilleuse mission, mais qui n’est donc pas dénuée de stress, concède Francine. Cette psychologue lausannoise aux yeux rieurs a décidé d’en endosser la lourde responsabilité car elle croyait aux vertus d’un centre qui envisagerait l’enfant dans sa globalité. « J’ai travaillé cinq ans pour un centre à Dubai où nous assurions des évaluations diagnostic et des thérapies individuelles.
Ici, nous offrons les mêmes services, mais surtout nous accueillons le matin dans un programme éducatif individuel, les enfants en groupe dans une maison avec un jardin, comme une vraie école, ce qui leur permet de développer leurs compétences académiques mais surtout sociales, leur principale difficulté, » explique la thérapeute.
Une équipe de passionnés
En plus de sa partenaire et collègue, la belge Karen Vantilborgh, Francine s’est entourée d’une équipe pluridisciplinaire – psychologues cliniciens, thérapeutes comportementaux, orthophonistes, ergo et physiothérapeutes et éducateurs spécialisés- afin d’accueillir la vingtaine de petits pensionnaires de jour. « Les membres de notre personnel ont tous un gros bagage académique, professionnel, mais aussi des qualités humaines : des gens qui savent remarquer de tous petits progrès et s’en réjouir ».
En un mot des passionnés dotés d’un optimisme vent debout. « Un seul mot, un tout petit pas, pour ces enfants ce sont des progrès immenses, confie Francine. Les autistes-génie comme le protagoniste du film Rainman sont des cas minoritaires. La grande majorité ont des QI bien en dessous. Nous essayons de les faire progresser petit à petit en espérant qu’un jour ils puissent fonctionner seuls, car on ne sort malheureusement pas de l’autisme. »
Le centre est aussi le réceptacle des souffrances des parents à qui l’on annonce le diagnostic imparable. « Cela m’a beaucoup aidé d’être une mère, être dans l’empathie devant le deuil que les parents doivent faire. Nous rêvons tous d’un enfant parfait, les espoirs de réussite et de bien-être qu’on met tous en eux, c’est interculturel, inter-religieux. Toutes les mères du monde ressentent cela. » Face à cette douleur, l’équipe s’attèle tout de suite à mettre en place les thérapies pour « aller de l’avant », de concert avec les parents.
De l’espoir pour chacun
C’est son optimisme qui fait avancer la thérapeute. « Il y a cette idée géniale que l’enfant est un être en devenir, il va grandir, toucher des choses et tout reste à faire. L’énergie vient de nous car on participe à un changement et c’est vecteur de beaucoup de joie. » Comme cette petite fille en chaise roulante qui ne marchait pas du tout et que l’équipe a vu s’élancer dans l’allée cette rentrée ; comme ce petit garçon qui refusait de se nourrir – les autistes préfèrent les aliments blancs – et dont on a réduit la détresse ; et ceux-là avec lesquels le contact des yeux ne se fait que trop rarement et qui l’espace de 30 secondes plongent leur regard dans le vôtre à vous percer l’âme ; ou encore cette petite fille qui se déplaçait en gribouillant sur les murs. Et des parents, aussi, souvent démunis et découragés, à qui l’on donne des techniques pour avancer. Calmer les angoisses, comprendre les tics, être prêts à gérer une crise, bien réagir quand les gestes des petits patients deviennent chaotiques…
Les journées au centre ne se ressemblent pas et le travail ne manque pas. Les chiffres sont là, comme une vilaine piqure de rappel : l’autisme touche actuellement un enfant sur 68 dans le monde.
Quant à la batterie des « dys » ou troubles d’apprentissage, elle est aussi en constante augmentation : trois enfants sur 10 auraient des problèmes de lecture ou de dyslexie. Heureusement depuis le début de sa carrière, Francine a assisté à une vraie prise de conscience. A Dubai, le progrès s’est fait très vite : il existe une dizaine de centres comme Skills for Kids et les écoles ont, depuis 2014, l’obligation légale d’accueillir des SEN, Special Needs Kids dans leurs classes, « si et seulement si l’enfant y trouve sa place, est capable de supporter les transitions, les nouveautés, le bruit ».
On est aujourd’hui mieux informés et plus en alerte sur les premiers signes de l’autisme visibles vers 18 mois. Et plus on agit tôt, plus l’enfant a de chance de progresser.
Karen Vantilborgh et Francine Luethi Haddad, co-fondatrices du centre.
Pour plus d’informations : +971 50 550 4696 / villa 81, Al Ferman Street (16B) Jumeirah 3
Services proposés par Skills for Kids :
– Educational day program
– Speech therapy
– Behavior modifications
– Social skills
– Counseling
– Full comprehensive assessment (bilan)