Fashion Forward Dubai, plateforme de lancement pour les jeunes créateurs de mode
Deux fois par an, je cède à une habitude autrefois professionnelle et vais faire un petit tour de piste plutôt agréable à Fashion Forward. Délestée de son caractère obligatoire, cette visite naguère synonyme de découvertes mais aussi de reporting/emails/excel et powerpoint, n’en devient que plus plaisante, légère et, en fait, vraiment rafraichissante. Est-ce ma perception, l’existence de Dubai Design District, l’évènement en lui-même ? Un peu de tout cela ?…
Quoi qu’il en soit, l’évènement n’a plus rien à envier aux grandes Fashion Weeks avec lesquelles il ne se met d’ailleurs pas en concurrence.Les designers ne s’y trompent pas " C’est la meilleure plateforme régionale pour les jeunes designers et elle est en pleine progression, FFWD a obtenu le soutien officiel de DDFC et D3 et a accueilli pour la première fois un public d’acheteurs internationaux de grands groupes de distribution venus repérer de nouveaux talents. C’est un outil fantastique pour nous jeunes designers ” affirme Marwa Sayed créatrice de la jeune marque THREE FIFTY NINE.
Les acheteurs internationaux sont d’ailleurs au rendez-vous. Pascale Camart, responsable des achats prêt-à-porter féminin pour les Galeries Lafayette avait fait le déplacement depuis Paris pour repérer et rencontrer les jeunes créateurs " Il est essentiel pour nous d’être présents à un tel évènement pour voir ce qui se passe au Moyen Orient car la plupart de nos clients se trouvent dans la région ", explique-t-elle, avant de souligner qu’il est tout aussi important pour les designers d’entendre ce que la distribution attend d’eux en termes de pertinence d’assortiment, prix et fiabilité logistique notamment.
Point de stars ni de défilés à grand spectacle ici, ce n’est pas l’objet, puisqu’on sait qu’à quelques exceptions près, les grandes marques présentent leurs collections dans les capitales historiques de la mode. DubaI l’a bien compris. On revient ici à l’essence même d’une Fashion Week : la mode, la présentation de collections, la découverte de nouveaux talents, mais surtout, la recherche et la création temporairement libérées de leur carcan mercantile. Bien sûr que les designers présents à Fashion Forward sont de supers professionnels, aussi jeunes soient-ils. Bien sûr qu’ils pensent à leurs clients, à ceux qui devront au final vivre avec leurs vêtements, mais avant toute chose, ils créent, inventent et nous font rêver. En cela, et contrairement aux Fashion Weeks historiques, à Fashion Forward le show n’est pas dans la surenchère de décors, les designers stars et les top models internationaux. Il se recentre sur le catwalk, l’esprit de la création, l’histoire de mode qu’on nous raconte et à laquelle on adhère ou pas.
Mon coup de cœur cette saison, outre la collection SOARING de Zayan the Label dont je suis une fan acquise (le crochet ! …), c’est la collection de la jeune Marwa Sayed, designer de la marque THREE FIFTY NINE. Ce qui m’a attirée lors de son show c’était d’abord son motto plein d’humour “ Perfection is overrated ” parce que oui, en effet. Est-ce qu’on n’accorde pas un peu trop d’importance à la perfection en matière de mode et de beauté ? Quid de la mini imperfection qui nous rend unique ? Et puis que voulez-vous, j’aime la mode qui fait rêver mais je rêve plus facilement si les pièces sont créatives mais portables là, tout de suite et que dedans je vais être super chic mais l’air de rien, impeccable mais cool, branchée mais sympa.
La collection WILD PIXEL de Marwa Sayed m’a fait cet effet-là. La jeune designer a travaillé des matières nobles : de la laine vierge, de l’organza de soie, du crêpe de satin… Comme toujours, elle s’est associée à un artiste pour créer les motifs géométriques qu’elle affectionne. Les coupes et les couleurs sont nettes et la créativité maitrisée avec art. Il s’agit d’une collection « d’art à porter ». L’idée est jolie, les pièces le sont tout autant.
On sort des shows comme on sort d’une expo. Avec l’impression d’avoir découvert quelque chose de nouveau. On se mêle à la foule typique de ces manifestations et là, à quelques paparazzi près, on se dit qu’on pourrait être à Paris, Londres ou Milan : ils sont tous là – arty, modeux, branchés et créatifs. Et on regrette de ne pas être venue avec une copine parce que franchement, c’est beau, c’est convivial et on sait qu’on participe à quelque chose dont on n’a pas fini de parler.
Vivement les collections de Printemps-Eté 2017 !