Parole d’artistes : la parole à… Julie Migayron Arfaoui

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Je vis à Dubai depuis 2011, j’ai suivi mon mari avec mes 2 filles et je suis très vite tombée amoureuse de cette ville dynamique et accueillante, de son ouverture sur le monde et sa sécurité. Nous pensions rester 2/3 ans, et 11 ans après nous y sommes encore. Depuis une 3ème petite puce est venue agrandir la famille.

En 2020, j’ai eu envie de développer une activité professionnelle, j’ai intégré un groupe d’entrepreneuses afin de faire germer l’idée de l’entreprenariat auquel je ne connaissais quasiment rien, puis j’ai suivi une session de Start You Up. Au départ il s’agissait d’un projet tout autre, qui me tenait beaucoup à cœur, mais j’ai réalisé que ce qui me correspondait le plus, c’était la peinture et avoir une activité artistique.
J’avais déjà eu l’idée de peindre sur les tissus, je me suis entrainée pendant un an pour peaufiner ma technique sur différents supports, puis en octobre 2021, j’ai créé Julie’s Customart. J’ai d’abord peint sur des masques que je couds moi-même, puis j’ai élargi mon activité avec les vêtements en jeans, et les chaussures et les sacs, en toile ou en cuir.

Pratiquez-vous votre art pour votre loisir ou en tant que professionnel ?
La barrière psychologique entre le fait de peindre pour mes loisirs et celui d’être peintre professionnel a été franchie quand j’ai officiellement ouvert ma licence d’artiste peintre. J’avais enfin une validité professionnelle et la chance de pouvoir avoir quelques revenus de mes peintures.

J’ai la chance d’avoir un mari et des enfants qui me soutiennent dans mon activité.

Quel a été le parcours scolaire/professionnel et/ou artistique qui vous a forgé en tant qu’artiste ?
J’ai commencé le dessin à l’âge de 15 ans, directement par des portraits au crayon. Je dessinais surtout mes acteurs préférés, puis mes profs et mes amis.

Au lycée, j’étais passionnée de biologie et je voulais être paléontologue, mais j’ai finalement fait des études d’infirmière et exercé ce métier en France jusqu’à notre départ pour Dubai.

J’ai commencé la peinture en 2010 avec une amie peintre, comme loisir. Je n’ai jamais fait d’études artistiques, et maintenant j’essaye de me mettre à jour ! 

J’ai développé mes connaissances et ma technique en assistant à des cours au DUCTAC, avec des artistes exceptionnelles, Zahra Jewanjee et Maria Peat, et en pratiquant aussi le plus possible.

Comment définiriez-vous votre travail artistique ? Quel est votre style ?
J’expérimente de nombreux mediums différents, je découvre chaque jour de nouveaux artistes, de nouvelles techniques. J’aime la précision du réalisme et le lâcher-prise du fluid art. J’aime copier les grands peintres, ou les photos de nature.

J’adore mixer les styles, les époques, les lieux. Mon style personnel se veut une combinaison de tout ça.

Qu’est-ce qui, de façon générale influence votre art ?
J’aime les effets d’ombre et de lumière, les explosions de couleurs, le street art, les œuvres expressives, le 3D art. Je suis inspirée par l’histoire avec un grand ou un petit H, par la nature, par le folklore des différentes cultures… J’adore par exemple les tissus des différents coins du monde.

Ce sont de petits détails qui me font aimer une toile ou me donnent envie de peindre un sujet : une main, un regard, une lumière.

Votre vie et ses étapes influencent-t-elles votre art et de quelle manière ? En quoi la vie aux Emirats a-t-elle influence votre travail artistique ?
Mes premières toiles ont été des portraits de mes filles, elles sont ma plus grande source d’inspiration. Mon dernier tableau est un lac glaciaire d’Islande, un des plus beaux pays qui m’ait été donné de visiter. 

Les Emirats m’inspirent énormément par la diversité culturelle, ce mélange de tradition, de modernisme, cette ouverture d’esprit. J’ai plusieurs pièces en cours qui mixent pop culture, cinéma, art baroque, calligraphie arabe, tissu local (sadu)… 

Quel artiste vous a le plus marqué jusqu’à présent ?
Je suis fascinée par les peintures de George De Latour. Il a su faire jaillir la lumière de ses tableaux grâce aux éclairages à la bougie. C’est sans doute son œuvre « Saint Joseph Charpentier » qui m’inspire le plus. 

J’aime aussi Ingres pour ses portraits réalistes expressifs, Banksy qui dit tant avec de simples graffitis, Odeith pour ses graffitis en 3D, Blair Atherholt pour ses natures mortes et ses jeux de lumière… sans oublier bien sur les artistes de customisation !

Je découvre chaque jour des artistes merveilleusement talentueux, j’en oublie certainement.

Quelle est votre journée type à Dubai lorsque vous créez ?
Je profite de la journée d’école de mes filles pour peindre. Je me suis aménagé un coin atelier dans une pièce de notre maison, et j’y reste jusqu’à ce qu’il soit temps d’aller chercher mes filles à l’école.
Parfois j’arrive à travailler l’après-midi et les week-ends quand j’ai plusieurs commandes. Comme je travaille de la maison c’est plus flexible. Mais je rêve d’avoir un vrai grand atelier dans un lieu artistique comme Alserkal Avenue.

Deux lieux artistiques préférés à Dubai
La Mer, City Walk, pour les œuvres de street art, SIKKA à Bastakiya.

Deux bonnes adresses à Dubai
2 bonnes adresses pour manger : Nablus à Al Seef, pour le lieu, la Kunafa et le Karak tea, Logma à Dubai Mall pour les sandwichs paratha et la vue sur les fontaines.

Quelle est votre actualité artistique ? Quels sont vos projets artistiques ? 
En ce moment j’ai plusieurs projets de customisation en cours. 

Je compte continuer de développer ma technique et en essayer de nouvelles. Je viens d’ailleurs de recevoir un airbrush que j’ai hâte d’essayer.

J’aimerais faire un partenariat avec une marque ou un autre artiste, développer mon réseau artistique, et en parallèle je veux terminer mes toiles, pour peut-être un jour les exposer.

SUR UNE ÎLE DESERTE, VOUS EMPORTEZ :
– Quel film ? La vie rêvée de Walter Mitty
– Quel livre ? Le dernier Fred Vargas (que j’attends avec impatience)
– Quelle musique ? Toutes les œuvres de John Williams
– Quel objet ? Si j’ai l’électricité et le wifi, ma tablette, sur laquelle je fais tout (du dessin avec mon stylet, aux applications de streaming, en passant par les tutoriels vidéo). 
– Laquelle de vos œuvres ? Une de celles que je n’ai pas encore finies.