Des lectures à glisser sous le sapin de Noël !
- CULTURE - ART - THÉÂTRE
- Frédérique Vanandrewelt - Gradisnik
- 6 décembre 2020
- 89
- 25 minutes read
Après une année pour le moins éprouvante, voilà bientôt venu le temps des réunions de famille et des échanges de présents, le temps de prendre le temps d’apprécier un bon livre et de partager ses lectures en famille ou avec les amis autour d’une table bien garnie. Vous trouverez j’en suis sûre votre bonheur dans la petite sélection que j’ai préparée pour les grands mais aussi pour les plus jeunes.
Côté jeunesse
• Pour les petits gourmands
- L’école des gâteaux, Rachel Hausfater
« Maintenant, le mercredi, Jacquot a deux invités. Il adore cuisiner pour eux. Il joue à les servir, comme dans un restaurant. Michou fait le client goinfre qui n’a pas d’argent pour payer. Charlotte fait la cliente casse-pieds (elle n’a pas à se forcer…), qui chicane et critique tout, fait la fine bouche… mais finit par tout dévorer, ils s’amusent bien. »
Un petit garçon triste et mal dans sa peau comprend l’intérêt de savoir écrire et lire pour confectionner des gâteaux. Il aime les manger, il va aimer plus encore les partager ! Et pâtisser va le rendre très heureux.
Un petit livre délicieux pour les enfants à partir de 8 ans et pour les plus grands qui le dégusteront avec gourmandise en leur compagnie. Les jeunes lecteurs s’identifieront sans peine au jeune pâtissier et expérimenteront ses recettes pour régaler famille et amis.
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• Pour les petits curieux
- Sherlock, Lupin et moi. La cathédrale de la peur, Irène Adler
« Puis j’approchai ma paume de la bougie. Arsène posa sa main sur la mienne, Sherlock couvrit celle de Lupin et, enchevêtrant nos doigts, nous maintînmes nos mains au-dessus de la flamme jusqu’à ce que la chaleur devienne insupportable.
Ce fut par ce geste que, cette nuit de mars 1871, dans le grenier de la villa d’Aurevilly, Sherlock, Lupin et moi scellâmes notre promesse de confiance éternelle. »
Deux auteurs italiens, Alessandro Gattilier et Pierdomenico Baccalario, se cachent derrière le pseudonyme, Irène Adler, emprunté à un roman de la série des Sherlock Holmes de Conan Doyle. Cette série comprend pour l’instant neuf tomes dans lesquels l’héroïne raconte ses souvenirs d’enfance avec ses deux comparses, les futurs célèbres détectives Sherlock Holmes et Arsène Lupin.
Ce n’est pas le dernier tome, encore à venir, « Le seigneur du crime », que je vais vous présenter mais le tome 4, intitulé « La cathédrale de la peur » qui commence à Evreux où Irène et sa famille s’installent au printemps 1871. Ils viennent de passer plusieurs mois à Londres et rentrent dans une France tourmentée. La jeune héroïne trouve un mystérieux message dans le jardin de la villa normande qui la conduira, avec ses amis, jusque dans une crypte secrète au coeur de la capitale où souffle le vent de l’insurrection.
Nul doute que les jeunes amateurs du genre à partir de 10 ans, liront avec plaisir ce roman policier qui les emportera dans une enquête passionnante et une période peu exploitée de notre histoire. Je les invite à découvrir l’ensemble de la série pour suivre les aventures du trio de St-Malo à Londres, d’Evreux à Davos en passant par Paris et embarquer pour des heures d’aventures trépidantes.
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• Pour les petits stratèges
- L’Ickabog, J.K. Rowling
« Ceux qui exprimaient des doutes quant à l’idée que l’Ickabog fût réellement derrière toutes ces attaques se retrouvaient le plus souvent les prochains sur la liste des Marcheurs de nuit. C’était le surnom des escouades qui assassinaient les incrédules en pleine nuit. »
Pour le plus grand plaisir de ses fans, J.K. Rowling s’est replongée dans ses brouillons pendant le confinement printanier et en a sorti un nouveau texte mis en ligne au jour le jour. Il est aujourd’hui édité pour trouver sa place au pied du sapin.
Loin de l’univers des sorciers, elle nous propose un conte métaphorique dans lequel quatre amis luttent contre « les forces du mal » qui menacent le tranquille royaume de Cornucopia sur lequel veille le populaire roi « Fred sans effroi » derrière ses moustaches soigneusement taillées.
Le royaume de Cornucopia est célèbre pour sa douceur de vivre et ses succulentes pâtisseries qui donnent à l’auteure l’occasion de multiplier les inventions verbales… Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes sucrés si un monstre, le fameux Ickabog ne risquait pas de ruiner le bel équilibre…
Ce conte n’est pas anodin car derrière la figure traditionnelle du monstre des contes, c’est l’ombre du totalitarisme avec son cortège de manipulations, de répressions et de crimes qui plane sur une société idéalement heureuse.
Un bel objet qui fera réfléchir les petits à partir de 10 ans.
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• Pour les jeunes aventuriers
- Alma, Timothée de Fombelle
« Enfin ce matin, quand elle s’est réveillée dans les herbes au-dessus d’une longue plage brumeuse, ils étaient là : deux oiseaux arrêtés derrière les vagues, avec leurs ailes carrées. Ils flottaient l’un derrière l’autre, alignés par le vent. C’étaient des navires. Leurs silhouettes se mélangeaient en se balançant. »
Timothée de Fombelle entame une nouvelle saga pour le plus grand bonheur des amoureux de Tolbi Lolness, Vango et Joshua Perle, les personnages de ses romans précédents. Plus réaliste que féérique, ce nouveau récit dont le premier tome est intitulé « Le vent se lève », nous plonge au coeur de la traite des noires au XVIIIe siècle.
Il nous entraine d’une vallée d’Afrique où Alma et sa famille vivent en toute quiétude au port de Lisbonne où est amarré « La douce Amélie », bateau négrier sur lequel s’est embarqué clandestinement le jeune Joseph.
Alors qu’Alma part à la recherche de son petit frère disparu, le passager clandestin vogue vers le continent africain. Ces deux personnages poursuivent leur quête personnelle et vont irrémédiablement à la rencontre l’un de l’autre sur l’océan Atlantique. Trouveront-ils l’objet de leur quête…
L’auteur qui a passé ses premières années en Afrique confie avoir porté son récit de longues années et avoir senti qu’il était temps de livrer à ses lecteurs l’histoire d’un peuple opprimé dont il a perçu la détresse quand il a découvert sur la côte du Ghana les forts où étaient parqués et triés les esclaves.
C’est donc un hommage en trois tomes qui commence ici et dont il est à parier que jeunes et moins jeunes lecteurs attendront avec impatience la suite.
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Côté adulte
• Pour se triturer les méninges
- L’Enigme de la chambre 622 , Joël Dicker
« La vie est un roman dont on sait déjà comment il se termine : à la fin, le héros meurt. Le plus important n’est donc pas comment notre histoire s’achève, mais comment nous en remplissons les pages. Car la vie, comme un roman, doit être une aventure. Et les aventures, ce sont les vacances de la vie »
Depuis le succès de La vérité sur l’affaire Harry Québert, les romans de Joël Dicker créent l’événement !
Si vous n’avez pas encore lu le dernier, mettez-le en tête de votre liste pour le père-Noël et si vous l’avez lu, n’hésitez pas à l’offrir aux connaisseurs. Un écrivain en villégiature dans le prestigieux palace de Verbier dans les Alpes Suisses se passionne pour une affaire classée sans suite des années auparavant. La disparition d’une adolescente, un corps retrouvé sans vie dans une chambre qui n’existe plus… Plus qu’une enquête, c’est une aventure rocambolesque que va vivre notre personnage.
Jeux de masques et faux-semblants… L’auteur nous mène cette fois encore par le bout du nez ! A force de retour en arrière et de récits enchâssés, il nous tient en haleine et ne révèle le secret de la chambre 622 que dans les dernières pages.
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• Pour rendre hommage à toutes nos grands-mères d’ici et d’ailleurs
- La commode aux tiroirs de couleurs, Olivia Ruiz
« L’idée de remplir les tiroirs de cette commode de nos vies m’est venue comme une fulgurance. Dès que je me suis retrouvée face à elle, je me suis autorisée à laisser remonter mes souvenirs.»
C’est une histoire de commode héritée de la grand-mère, une histoire de secret de famille et d’amour familial…
C’est l’histoire d’une femme qui a quitté l’Espagne franquiste pour se réfugier à Narbonne, c’est l’histoire de milliers de réfugiés plus ou moins bien accueillis pendant la guerre civile. En se glissant dans l’esprit de son abuela, Olivia Ruiz lui rend un très bel hommage mais elle célèbre aussi toute une lignée d’espagnoles dont les fières origines se retrouvent dans la jeune auteure.
Son écriture à la fois pudique et éclatante fait revivre la tendresse, la chaleur mais aussi la sensualité des jeunes années de Rita. On entend la chaude voix de « la femme chocolat » quand on lit ce premier roman et que l’on ouvre les uns après les autres, au fil de la nuit, les dix tiroirs qui renferment l’ histoire de sa famille.
L’image de la grand-mère serrant sa fille et sa petite-fille dans une communion ultime restera longtemps dans vos mémoires comme l’instantané de la naissance d’un écrivain !
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- Les Demoiselles, Anne-Gaëlle Huon
« Carmen a saisi une douzaine de semelles et s’est assise à sa place. Derrière elle s’amoncelaient de lourds rouleaux de toile. Si hauts que les filles semblaient disparaître dans un océan de tissu. Les Espagnoles étaient payées à la pièce. Huit sous le paquet de cinq douzaine d’espadrilles. Il n’y avait pas de temps à perdre. »
De mystérieuses demoiselles vont transformer pour toujours le destin de Rosa partie de sa Catalogne natale pour coudre des espadrilles de l’autre côté des Pyrénées, à Mauléon. C’est le sort de beaucoup de jeunes Espagnoles en quête d’une vie meilleure dans les années 30, celles que l’on appelait aussi les fourmis et les palombes d’hiver que nous livre Anne-Gaëlle Huon avec la sensibilité et l’enthousiasme qui la caractérisent.
Et même si la vie est dure pour ces jeunes migrantes dans un monde qui ne leur fait aucun cadeau ; la solidarité, le courage et l’audace leur ouvrent de nouvelles voies et leur permettent de rêver à des jours meilleurs .
Un roman positif et stimulant pour commencer une nouvelle année !
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- Le Pays des Autres, Leila Slimani
« Dans les lettres qu’elle écrivait à sa sœur, Mathilde mentait. Elle prétendait que sa vie ressemblait aux romans de Karen Blixen, d’Alexandra David-Néel, de Pearl Buck. Dans chaque missive, elle composait des aventures où elle se mettait en scène, au contact de populations indigènes tendres et superstitieuses.»
Amine et Mathilde s’installent à Meknès après la libération, en 1944. Loin de sa famille et d’une vie sans surprise, Mathilde découvre un autre monde beaucoup moins romanesque qu’elle ne se l’était imaginé.
Amine travaille comme un forcené sur la terre ingrate qu’il a héritée de son père, il se tue à la tâche pendant que Mathilde s’évertue à devenir une épouse et une mère à la hauteur de ses attentes. Isolés dans leur ferme, isolés dans leur représentation du monde, le couple voit monter les tensions et exploser les violences dans un pays en marche vers son indépendance.
Vous suivrez avec passion l’évolution de l’héroïne de Leïla Slimani, prise dans la tourmente de l’Histoire et de sa propre vie, destin commun à nombre de femmes expatriées pour le meilleur et pour le pire. Pour résister et garder l’espoir.
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- Et toujours les forêts, Sandrine Collette
« Les bâtiments, les grandes horloges, les wagons s’étaient effondrés, couchés sur les voies, couchés sur les gens qui se tenaient au bord des quais. Corentin avait cru aux lumières et au bruit des trains ; il ne trouva rien. Sur les panneaux, les destinations s’étaient figées. Alors, il prit la voie 7. »
Alors que le monde est anéanti, Corentin fait partie des survivants. Lui que sa mère n’avait pas désiré, lui qui avait été rejeté, à peine toléré pendant toute son enfance, lui qui n’aurait pas dû venir au monde… va devenir la petite pousse par qui pourrait renaître la forêt. À l’issue d’une marche infernale à travers un paysage post- apocalyptique, le héros devenu adulte retrouve la maison d’Augustine où il a finalement passé quelques années de jeunesse paisible.
Dans la petite maison au coeur de la vallée des Forêts, il n’aura de cesse de préparer l’après malgré l’absence désespérante du moindre signe d’espoir. Souvent tenté par le retour à l’état animal, il mettra toutes ses forces dans la sauvegarde des fondements de la civilisation.
Une lecture comme une claque, une lecture puissante dont on ne sort pas indemne. Sandrine Collette ne cède à aucun moment à la facilité, elle ne laisse au lecteur aucun espoir de miracle narratif… et pourtant, on referme son récit avec la certitude que la vie est une force indestructible. Un roman addictif !
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Chers lecteurs, je vous souhaite de bons moments de lecture et de très belles fêtes de fin d’année entourés de tous ceux que vous aimez.
Recevez tous mes vœux de santé, de bonheur et de prospérité !