Naziha Mestaoui ou donner à voir l’invisible
Dans le cadre d’Art Dubai, l’artiste belgo-tunisienne Naziha Mestaoui est invitée par Thinkers & Doers -un « Think & Do Tank » pour accélérer le changement- à présenter son projet « One Heart One Tree » et sa déclinaison locale « The Green Legacy ».Elle fait partie des trois candidats sélectionnés à participer à une plateforme d’accélération de projets à Al Serkal vendredi. Une session qui lui donnera, on l’espère, l’opportunité de trouver sponsors et partenaires pour son œuvre qui marie de façon unique le « beau » et le « durable ». PORTRAIT.« One Heart One Tree »est une œuvre d’art monumentale qui donnera naissance à une forêt virtuelle sur les monuments les plus célèbres. Et avec ce projet artistique, chacun devient acteur.
Grâce à une application smartphone, le public peut planter des graines virtuelles qui poussent au rythme des battements de son cœur, jusqu’à représenter des arbres lumineux. Grâce à un système de projection en maping, ces arbres sont projetés sur les monuments les plus connus, pour métamorphoser la ville en une véritable forêt immatérielle…
« Comme une forêt vivante, de nouveaux arbres poussent et remplacent les plus anciens, la forêt se densifie, » explique sa créatrice.Pour quelques euros, chaque arbre virtuel créé sera, d’autre part, réellement planté dans le cadre de projets de reforestation et de plantation. L’ambition de ce projet est de permettre à chacun de se sentir responsable d’inspirer notre avenir.
L’objectif est de planter des millions d’arbres.Ce projet unique va être présenté lors de la Conférence des Nations unies sur le Climat qui se tiendra à Paris en novembre avant de circuler partout dans le monde. Il vient d’être confirmé sur la Tour Eiffel et a obtenu le soutien officiel de l’ONU et de la Mairie de Paris.À Dubaï, il pourrait se déployer sur des bâtiments emblématiques de la ville tels que le Burj Al Arab.
Naziha est d’ailleurs ici pour présenter la version locale de son travail, « Green Legacy ». L’idée était de relier « One Heart One Tree » à l’héritage de Sheikh Zayed dont le rêve était de transformer le désert en forêt.
« Il a planté des millions de ghafs… Ainsi chaque émirien pourra planter un arbre à son nom en lien avec son propre héritage culturel et identitaire, » explique l’artiste.Le projet est ouvert à la participation du public pour la plantation des arbres, mais c’est aussi l’occasion pour des entreprises d’associer leur image à une démarche écologique, technologique et artistique qui leur apportera visibilité et prestige.“Naziha Mestaoui est l’une des seules à pouvoir faire communiquer le « beau » et le développement durable, “ explique Cécile Lochard, la Fondatrice de Citizen Luxury, une agence de conseil en développement durable dans le secteur du luxe, qui accompagne l’artiste dans sa politique de mécénat. “Mettre en lumière Paris pour les négociations climatiques internationales en transformant la ville en forêt virtuelle et connecter le battement d’un cœur à un arbre, est une idée magnifique et unique, que j’ai immédiatement soutenue,” ajoute Lucile Paul-Chevance, coach de Naziha Mestaoui.C’est bien simple, son projet fait l’unanimité.
Naziha Mestaoui« Connecter le vivant au vivant »Un projet beau, pacifique, technologique qui réconcilie notre avenir avec le vivant.
« Notre avenir est celui que l’on crée. Si on souhaite que la technologie nous reconnecte au vivant, à nous de le mettre en place. Il faut déplacer l’opposition technologie/nature ou l’idée selon laquelle le modernisme détruit la nature. Ici, on réconcilie les opposés. » L’objectif de Naziha Mestaoui est de reconnecter les hommes à la nature et d’éveiller les consciences pour ré-enchanter nos réalités.Une démarche positive loin des approches punitives et culpabilisantes parfois liées à la défense de l’environnement, dont elle parle avec ferveur.
« Notre crise écologique vient de cette séparation avec le vivant. On a fait un gros travail de déconnection avec notre environnement. Or, tout ce qui nous entoure est bienveillant et plein d’énergie et on peut renouer le lien avec notre environnement dont nous faisons intégralement partie. C’est la réalité des Indiens d’Amazonie, » explique-t-elle.
Le projet trouve en effet son inspiration dans une série de voyages au cœur des tribus amazoniennes -dont les Hunikuin à la frontière entre le Brésil et le Pérou. Elle y passe un mois par an depuis 2012.
« Pour ces sociétés ancestrales, la réalité est depuis toujours composée de mondes visibles et invisibles. La relation qu’ils entretiennent à la nature est radicalement différente de la nôtre. Pour eux, un arbre n’est pas du bois et de la composition carbone, mais un esprit, une intelligence avec laquelle ils peuvent communiquer, échanger. « C’est un esprit qui s’occupe d’eux, les aide à se soigner. C’est une bibliothèque à laquelle ils se connectent, » témoigne Naziha Mestaoui.Ouvrir le champ des possiblesArchitecte et urbaniste avant de devenir artiste, Naziha a toujours travaillé sur des utopies expérimentales et à imaginer la société vers laquelle nous avançons.
« Pensons dès aujourd’hui collectivement l’avenir vers lequel on se dirige, » propose-t-elle. « L’arbre est une solution ».
Passionnée de physique quantique, l’artiste se propose d’intégrer notre héritage technologique au service de cette reconnexion avec la nature. « Cela fait trois siècles que l’on se déconnecte. L’idée n’est pas de rejeter notre héritage mais de se servir de notre connaissance de la technologie pour nous reconnecter à notre environnement. »Comment participer à “One Heart One Tree”?Grâce à une technologie accessible. C’est simple :
-Télécharger l’application One Heart One Tree » sur votre smartphone qui sera disponible dès son lancement à la Conférence sur le climat (30/11/2015)
-L’application vous guidera pour enregistrer le battement de votre cœur, inscrire votre nom, choisir votre monument et la zone de plantation.
Chaque arbre coûte entre 2 et 3 euros.
Vous pouvez même le voir pousser en temps réel si vous êtes dans la ville de votre monument, un rendez-vous peut vous être donné. Et quoi qu’il arrive chacun reçoit la mémoire de participation à travers une photo.
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